par Romanceor » Samedi 21 Février 2009 2:33
Compte-rendu de ma première séance de nu ; deux modèles féminins (huit heures)
Ce matin, mon réveil a sonné à huit heures. Je me suis donc réveillé à neuf heures, et ai quitté mon appartement une demi-heure plus tard.
Le Contexte
La veille au soir, j'étais allé accueillir mes modèles à la gare. Et nous étions allés à l'appartement où allait se dérouler la séance pour un bref repérage. Un climat de confiance s'était tout de suite instauré et nous avais permis outre de faire connaissance (car je ne connaissais qu'un seul des deux modèles), de commencer à réfléchir à la séance du lendemain.
A mon retour chez moi, j'ai copié sur le disque dur d'un des modèles mes morceaux de musique préférés, une sélection des poses qu'elles avaient choisies, et quelques tutoriels au cas où le besoin s'en serait fait sentir.
Et à mon arrivée ce matin à dix heures, les deux modèles déjà fort peu vêtus (marques de lingerie obligent) m'ont invité à petit-déjeuner avec eux. C'est sans aucun stress ni aucune gêne qu'elles se sont dévêtues, le plus naturellement du monde, et pour ainsi dire "comme des enfants". Ne les voyant pour ma part que comme des femmes, mon temps d'adaptation a été un peu plus long, mais la situation ma foi fort plaisante m'a très vite incité à les considérer comme des modèles avant tout pour éviter toute dérive qui aurait pu interrompre non seulement la prise de vue, mais aussi toute possibilité d'une future séance de rattrapage.
Le "Matériel"
M'étant fait voler mon D200 il y a trois jours dans de déplorables circonstances (je reviendrai peut-être sur le sujet dans un prochain post), je disposais en tout et pour tout d'un Sony alpha-100 avec une optique 18-70mm. Pas même de trépied (le support trépied-appareil était sur le D200 quand il a disparu). C'était donc a priori très mal parti, comme l'ont mentionné plusieurs usagers des forums, dont l'expérience certaine m'avait laissé présager du pire, quand bien même eussé-je disposé de mon D200 et de son trépied.
Par ailleurs, ma seule carte mémoire était une Compact Flash de 512Mo, soit 40 fichiers RAW (.ARW chez Sony). Le Mac de l'un des modèles a servi à transférer les quelques 400 clichés sur un disque externe.
De surcroît, je ne disposais d'aucun éclairage (les profs de ma fac faisaient grève quand j'ai voulu leur emprunter des mandarines). Et c'est donc ce qui m'a fait le plus peur, car je n'en avais en plus jamais utilisé d'artificiel, en dehors des flashes dégueulasses incorporés à mes différents reflex. L'éclairage surplace était le suivant :
- deux portes/fenêtres orientées à l'est, avec un temps nuageux ;
- trois spots de plafond (à 3,5 mètres) au dessus de la cheminée (75 watts) ;
- deux lampes de chevet à abat-jour amovible (75 watts, puis 100 watts avec les ampoules qui ont remplacé celles que nous avons cassées) ;
- un halogène (beaucoup de watts, key light sur toutes les photos).
Nous avions décidé la veille d'utiliser le décor de l'appartement, autant par faute de moyen que par manque d'expérience ou de désir de professionnalisme. Dans le salon, une bibliothèque d'ouvrages du dix-huitième avec une cheminée au milieu, une commode, un lit. Un sofa également, mais d'un goût... tel que nous avons préféré nous abstenir. Une table en verre aussi, que nous n'avons pas pensé à utiliser ; ce sera pour la prochaine fois.
Les Préparatifs
A mon arrivée, et cependant que ces demoiselles s'en allèrent maquiller leurs visages respectifs, j'ai tout de suite installé la chaîne Hi-Fi que j'avais été chargé d'apporter, et de la connecter au Mac de l'un des modèles. J'ai ensuite feuilleté en les attendant l'excellent livre de Lucien Lorelle "L'Art du portrait photographique", dans lequel on trouve notamment maints conseils d'éclairage. Les quelques tutoriels que j'avais lus, et les nombreux conseils que j'avais reçus (merci à vous !), s'étaient entassés les uns sur les autres ; le sommaire du livre m'a aidé à établir un ordre dans ma démarche.
Il avait été convenu que nous allions commencer par les poses nues pour casser tout de suite les inhibitions, tant des modèles que du photographe. Parce qu'en effet, même s'il peut n'être pas évident de poser nu devant un photographe, être habillé avec deux femmes nues sous les yeux n'est pas une situation facile non plus !
La Séance
Le Lit - 20min de pose, [50min de pause], 30min de pose (115 déclenchements)
Pour commencer par ce que je pensais être le plus simple, les modèles se sont installés sur le lit, parce que c'était sobre, qu'il n'y avait pas d'objet à prendre en compte, etc.. Nous l'avons d'abord éloigné du mur pour avoir un fond flou, et j'ai disposé mes trois lampes autour du lit. En comptant mon aller-retour au super-marché après la chute des lampes de chevet, et le remplacement des défuntes ampoules de 75 watts par des modèles 100 watts, ce "décor" a duré près de deux heures.
Je leur ai demandé simplement de poser. Nous n'avions encore bu que du jus d'orange. Les modèles n'avaient probablement encore jamais eu l'occasion d'être nus sur un même lit, et encore moins découverts, sous les yeux d'un tiers et à la lumière des projecteurs... Or pour cette première pose, hormis la lumière qui était de mon ressort, les modèles devaient avoir l'initiative de la pose, car ne les ayant pas assez travaillées par manque de temps, nous n'avions sélectionné quasiment que des exemples de femmes seules. Elles devaient donc être vraiment proches l'une de l'autre, non seulement d'amitié pour la complicité et l'accord des regards, mais surtout de corps pour unifier la scène et éviter une division de l'image.
Le problème qui s'est posé était donc l'absence de décor... d'appui pour les poses. Et si je ne l'ai pas compris tout de suite, j'ai bien vu que la seule solution était de se servir l'une de l'autre pour créer soit une situation particulière (ironie, ambigüité, etc.), soit une fusion des corps (ne fut-ce que par symétrie). Je l'ai bien sûr dit à mes modèles, et ma solution pour compenser nos manques d'expérience a été de prendre des portraits, ce qui a constitué l'essentiel de la seconde partie de l'utilisation de ce décor. On y a également ajouté un bien modeste accessoire, les cigarettes. Mais là encore la cigarette est un sujet qui a tellement été traité qu'il est très difficile de faire quelque chose de bien sans expérience.
Ce ne sont donc pas les meilleurs clichés, et ça a été ma principale erreur stratégique dans la direction des modèles : j'aurais du commencer par la pose qui a suivi, celle de...
La Bibliothèque - 20min de pose, [1h de pause déjeuner], 10min, [40min], 30min (180 déclenchements)
Ce fut la pose la plus longue puisqu'elle occupa plus de la moitié du temps total de la séance. Elle fut cependant interrompue deux fois, d'abord pour le déjeuner, puis par un second remplacement des ampoules (les rallonges étaient trop courtes et les lampes sont tombées plusieurs fois...)
Si les premières poses avaient été - malgré la bonne ambiance due à la complicité des modèles - très difficiles, celles de la bibliothèque ont eu de nombreux atouts qui en ont fait une véritable démonstration de ce que peut être une séance de pose réussie. Là je ne parle bien sûr pas des clichés eux-mêmes, qui pour des raisons liées aux conditions de la pose ne sont pas non plus excellents. Ce sont pourtant les plus orignaux, les plus "drôles", ceux qui ont été pris dans les meilleures conditions. Cette séance s'est déroulée après l'apéritif et autour du repas, ce qui rendait bien sûr tout le monde allègre.
L'idée était de faire poser les modèles au dessus de la cheminée, laquelle se trouvait au milieu de la bibliothèque et était jonchée d'un miroir. Hélas le miroir n'est pas en une seule pièce mais découpé en morceaux, ce qui a ajouté des reflets inévitables qui vont sans doute beaucoup compliquer la post-production. Je n'ai par ailleurs pas bien réussi à jouer avec le miroir, notamment parce que je devais photographier en contre-plongée pour ne pas apparaître sur la photo.
La hauteur (un mètre et demi) et l'étroitesse de la cheminée (~50cm) restreignait beaucoup l'espace disponible pour les modèles, et sa position dans la pièce (et son inamovibilité) restreignait les possibilités d'éclairage. Et cela nous a à tous beaucoup servi car les difficultés qui venaient s'ajouter nous faisaient un peu oublier le reste. Ainsi, j'ai monté les ISO à 800, et même à certains moments à 1600 (sur le Sony alpha-100 c'est une catastrophe, pire encore que sur le D200) pour avoir des clichés pris sur le vif, mes modèles bougeant beaucoup, et ayant beaucoup d'inspiration et d'enthousiasme pour exploiter ce nouveau décor.
Ainsi, la chanson des Têtes Raides "L'Amour tombe des nues" (sur un texte de Robert Desnos), où le chanteur termine par un "Et vivent les femmes nues !" a bien sûr beaucoup plu, et les rires de ces deux jeunes femmes sont tant la meilleure preuve de la réussite de cette séance que les meilleurs clichés, bien que techniquement il y ait beaucoup à redire. Mais comme elles disent fort gentiment "ça nous on ne le voit pas." Vous par contre, ne verrez pour ainsi dire que ça...
J'avais par ailleurs demandé aux modèles de réfléchir à des manières d'utiliser l'espace dont on disposait, et elles ont eu une idée que je crois avoir réussi à exploiter correctement ; nous avons pris une petite vingtaine d'ouvrages de mille pages édités au dix-huitième pour les poser sur la cheminée, et de chaque côté a posé un modèle, de manière symétrique. L'un des modèles, particulièrement souple, a même pu se coucher sur les livres, pour un résultat tout à fait intéressant malgré l'éclairage que j'avais commencé à oublier un peu.
La Commode - 75min (110 déclenchements)
La dernière partie de la séance s'est effectuée d'une seule traite bien qu'elle ait duré plus d'une heure. En dehors des deux vidages de photos sur l'ordinateur, il n'y a eu aucune pause. Cela a notamment été du au fait que les deux modèles se sont aussi succédés.
L'éclairage était là encore assez corsé, et le résultat n'est pas au rendez-vous pour les poses de vue d'ensemble. En revanche, les portraits et vues rapprochées me semblent correctes, mais presqu'exclusivement grâce à l'imagination des modèles.
A la fin, j'étais un peu fatigué, nous avions eu l'occasion de boire quelques bières et je commençais à vouloir passer à autre chose... Les modèles semblaient également épuisés puisque l'une de ces demoiselles s'est même endormie. De toute manière nous devions terminer car un membre de la famille devait arriver, et il n'avait pas été jugé nécessaire qu'il assiste à la séance.
L'Après
L'idée de leur faire signer un contrat a elle été vite abandonnée par faute de temps pour réfléchir aux termes, mais je retourne sur place demain matin pour un déjeuner qui s'annonce bien "droit". Je prendrai tout de même mon appareil ; on ne sait jamais.
Dans l'espoir de bientôt pouvoir vous soumettre à la critique des clichés pour la post-production, à l'occasion desquels je reviendrai plus précisément sur les éclairages particuliers à chaque pose ; parfois réussis mais bien plus souvent catastrophiques.
Veuillez trouver par ce compte-rendu mes sincères remerciements à tous pour votre aide précieuse qui m'a permis de partager une expérience aussi enrichissante qu'enjaillante, pour employer un terme africain qui m'est cher. Elle se renouvellera sans doute et je pourrai désormais présenter des clichés aux femmes à qui il pourrait venir la même idée.
Merci encore.