J'avais envie de faire depuis longtemps de la photo. Un peu parce que j'avais vu mon père shooter avec un Nikon que je devais récupérer par la suite et trimballais il y a dix ans pour mon premier vrai voyage. Et puis, je ne sais pas pourquoi, avant de partir pour ce voyage là, je m'étais résolu à acheter du matos. Ce fut donc, par atavisme, un Nikon.
Je ne savais rien de la m'en servir, mais qu'importe, je me disais qu'en potassant le manuel, compte tout objet technique, je finirai bien par en tirer quelque chose. J'avais, jusqu'à présent, une tendance à ne prendre que des paysages sans trace d'homme. Histoire de valoriser un environnement "vierge" (concept stupide, car il n'est fondamentalement pas possible d'avoir un environnement vierge d'humanité, car c'est juste l'homme qui structure et définit l'environnement, passons). Et il y eut ce voyage.
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- regard lashio.jpg (193.24 Kio) Vu 334 fois
Je vous ai déjà parlé de Lashio. Nous avons croisé cette jeune femme préparant la farine de riz. Dans le même village, alors que nous le traversion, je tombais nez à nez avec un buffle qui me regardait. Il était sous une maison sur pilotis. Il meugla. A la fenêtre, le regard d'un vieil homme ridé parut. Sur l'instant, je pris la photo
machinalement. Lorsque je pris le temps de voir ce que l'instantané donnait, je fus amusé de voir que les rides et les murs en bambou étaient très similaires. Je n'y avais pas pensé au moment de déclencher.
Il y a donc un peu de cela, dans le fait de faire une photo. Capter un je-ne-sais-quoi dans l'immédiateté et devoir attendre ensuite de pouvoir révéler ceci sur un écran, du papier ou tout autre support. La photo comme accordéon temporel, comme moyen de rencontre.
H.