Nous sommes de plus en plus des citoyens du monde. Les études à l'étranger, la mobilité des personnes, la mondialisation encouragent même les moins aventureux à exercer leur métier hors de leur pays d'origine. Certains métiers comme les métiers d'arts, la photographie, favorisent l'expatriation.
Ces artistes français devenus américains ou chinois se nourrissent de leurs découvertes. La quête d'ailleurs, les rencontres compensent les difficultés du déracinement, elles stimulent leurs facultés d'adaptation. Ils voient le pays d'adoption d'un oeil neuf et différent. C'est ce regard qui intéresse les éditeurs autochtones.
Si le pays d'adoption par son exotisme, sa richesse culturelle apporte un sang neuf à la création, la vie d'un expatrié n'est bien évidemment pas toujours facile. Comme tous les exilés, ils doivent faire face à l'incertitude, la solitude parfois, ils doivent apprendre à accepter l'impossibilité de se fondre dans un milieu social et culturel trop éloigné de leurs origines, accepter de nouvelles règles, un nouveau mode de vie.
Les témoignages de photographes français vivant à l'étranger depuis plusieurs années nous montrent les avantages et les inconvénients de l'expatriation.
En Chine, cette condition est particulièrement importante : "une fois implanté, il faut faire preuve d’une inébranlable patience, et être capable de synchroniser son mode opératoire avec les tendances locales." dit Mathieu Belin qui est expatrié en Chine depuis plus de sept ans, après avoir travaillé pendant une dizaine d'années en tant que directeur artistique dit : "Je sentais le besoin de me projeter dans une nouvelle équation à multiples inconnus."
Souvent le photographe qui s'expatrie est aussi en quête de lui-même. "Prendre le large pour se découvrir, perdre ses repères et se donner la liberté de recommencer : les photographes qui ont choisi de quitter la France sont avant tout des êtres à la recherche de leur voie artistique. Dans ce contexte de recherche identitaire permanente, la vie "ailleurs" devient un prétexte pour créer." Mathieu Belin.
Fans de magnifiques portraits en gros plan, il faut aller voir son portfolio ici
Autre exemple : Stéphanie de Rougé expatriée dans la grosse Pomme depuis 2006 expose son travail à la Galerie Duboys à Paris jusqu'au 23 juin. Elle raconte :
"À Paris, je mettais énormément d'énergie à enseigner la photo aux enfants et ados défavorisés, mais je crois que je ne m'étais jamais donné la chance, le temps, ou le courage de commencer un vrai travail personnel," explique Stéphanie de Rougé. "À mon arrivée à NY, j'ai tout recommencé à zéro : pendant deux ans, j'ai assisté de nombreux professeurs de l'International Center of Photography (ICP), j'ai arpenté les galeries, j'ai bouquiné, consulté le web, appris à vaincre ma timidité, à regarder autrement, à prendre la critique comme un cadeau, j'ai essayé tous les appareils disponibles pour trouver MON outil, tous les formats pour trouver MA forme narrative et je me suis lancée."
Pour voir ses oeuvres à Paris c'est Ici Galerie Duboys
A l'instar des artistes français photographes du bout du monde, certains d'entre vous vont peut être un jour sauter le pas et larguer les amarres, prendre le large à leur propre recherche ou à la rencontre des autres, c'est dans l'air du temps.
.Extraits de Photographie.com.