Impossible de rester dans la région de Bordeaux sans voir ce qui fait la gloire de la région et revoir ce qui m’a laissé d’impérissables souvenirs. Aussi, je vais commencer par une ancienne nostalgie.
Cap sur Biscarrosse, haut-lieu de l’hydraviation qui a vu naître et s’éteindre la saga des grands Latécoère de 1930 à 1956.
La rocade de Bordeaux, la direction d’Arcachon et à peine 45 minutes après, me voilà aux portes de la ville. Celle-ci a bien changé au point que je ne reconnais plus les endroits où je suis passé il y a quelques années … Le camping, face au lac sud, a eu le temps de se transformer pour être aujourd’hui sur le point de disparaître. Les slips d’où s’élançaient les hydravions sont toujours là mais l’hydravion école (ci-dessous) n’y est plus. Il semblerait que l’école soit partie un peu plus loin … je n’ai pas trouvé où.

En arrière du camping, le musée s’est étoffé et modernisé. Les salles bien organisées relatent la courte histoire des hydravions de toutes nationalités : française bien sûr, mais aussi anglaise, italienne et allemande !
L’évolution des perfectionnements y est montrée jusqu’à l’âge d’or des paquebots volants, seuls appareils permettant de transporter des voyageurs d’un continent à l’autre en réduisant au maximum le temps de vol et la fréquence des ravitaillements.

Les plus modernes se sont vus équipés de réacteurs qui ont pourtant directement contribués à leur disparition. En effet, grâce aux réacteurs, les premiers longs courriers se sont affranchis des escales rapprochées nécessitées par les ravitaillements, sont devenus plus rapides et plus économiques, rendant ainsi inutiles les grands hydravions de transport.
On ne peut pas évoquer Biscarrosse sans parler de Pierre-Georges Latécoère qui créa l’Aéropostale, portée par Jean Mermoz, et les grands hydravions français, parmi les plus beaux jamais construits.
L’aéropostale existe encore de nos jours et il est à noter que ses pilotes sont les seuls à être autorisés à se poser par tous temps, lorsque les autres vols sont interrompus ou cloués au sol.


Une historienne, qui s‘est installée en Gironde, a fait revivre le souvenir de cette extraordinaire épopée humaine et industrielle. J’ai eu la chance de rencontrer Mme Marie-Paule Vié-Klaze, un soir après une journée de vol d’instruction. Elle était présente au musée, qui s’était ouvert pour nous élèves, et a eu la grande gentillesse de dédicacer son ouvrage relatant l’histoire des grands Latécoère sur l’atlantique (ce dont je suis très fier !).

J’ai vu avec regret que cette grande dame nous a quitté en 2006. Une stèle a été érigée en sa mémoire à la sortie de la visite.

La visite se termine par un hangar où sont regroupés quelques modèles dont un Grumman que nous pensions à l’époque être un Goose dans son état d‘origine. En fait, il s’agit aujourd’hui de son petit frère, un Widgeon magnifiquement restauré.

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Quelques grands noms de vins de Bordeaux trottaient dans ma tête et l’envie de visiter ces sites prestigieux est devenue irrésistible. Ma préférence pour les Pessac-Léognan m’a fait choisir deux grands châteaux présents sur ma route : Château Carbonnieux et Château de Fieuzal. Situés assez proches l’un de l’autre dans la région des Graves, ils produisent de remarquables vins tant en rouge qu’en blanc avec les cépages traditionnels de la région : le Cabernet Sauvignon, le Merlot et le Cabernet franc pour les rouges ainsi que le Sauvignon et le Sémillon pour les blancs. Pour tous aujourd’hui, les récoltes sont manuelles et n’utilisent plus de machines. Le tri des grappes est également manuel.
Château Carbonnieux est le plus grand domaine des deux. Près de cent hectares répartis presque à égalité pour le rouge et le blanc. La vinification s’effectue en cuves inox, la fermentation s’y fait à l’aide des levures naturelles. Le vin est ensuite élevé en barriques de chêne qui sont renouvelées par tiers tous les trois ans (tiens, comme les sénateurs !

Sur le plan historique, le domaine trouve son origine au 13ème siècle et a appartenu aux moines Bénédictins de l’abbaye de Sainte Croix de Bordeaux qui ont laissé leur emblème au château jusqu’à nos jours.
Et bien sûr, une petite dégustation à la fin pour convaincre le visiteur de ne pas revenir les mains vides

http://www.carbonnieux.com/
Château de Fieuzal possède une histoire plus récente. Le domaine est né au sein de la famille Fieuzal au milieu du 16ème siècle et y est resté jusqu’en 1851. A cette époque, le domaine incluait les terres de Haut-Gardère, située juste de l’autre côté de la route actuelle. Ensuite, le domaine, passé dans le patrimoine de la famille Ricard, accède en 1959 au statut de Cru Classé de Graves. A nouveau revendu en 1973, le vignoble double sa surface, rénove ses chais et pérennise sa réputation.
En 1994, le vignoble de Fieuzal devient la propriété du Groupe Banque Populaire et un an plus tard, le Goupe rachète le vignoble de Haut-Gardère, reconstituant ainsi le domaine d’origine. C’est à peu près à cette époque que je découvre ce grand nom, le Groupe ayant fait bénéficier les collaborateurs d’offres privilégiées.
Après un nouveau changement de propriétaire en 2001, le vignoble vogue désormais sous pavillon irlandais. Aujourd’hui, chaque vignoble, Fieuzal et Haut-Gardère, représente 40 ha chacun et dispose de ses propres chais.
Les 80 ha concourent à l’élaboration des trois marques commerciales en fonction de leurs qualités intrinsèques et des nuances de production qui caractérisent chaque marque.
Sous la houlette de son nouveau directeur technique, de nouvelles techniques innovantes et un regroupement des deux chais sont sur le point d’être mis en œuvre. Ce que j’ai vu et photographié aujourd’hui, n’existera plus dans un an et il en faudra sans doute un de plus pour que tout soit opérationnel !
Cette chose étrange de forme vaguement ovoïde est une barrique de ciment en essai. Sa contenance est la même que celle d’une barrique de bois (225 l) mais sa forme spéciale imprime, sous l’action de la pression atmosphérique, un mouvement tournant du contenu qui rend inutile le « bâtonnage » destiné à faire remonter les lies. Sans entrer dans les détails, d’autres innovations techniques en essai seront également mises en production dans la nouvelle installation des chais.
http://www.fieuzal.com/
Si j’ai parlé ici de ces deux vignobles réputés, c’est autant pour la qualité de leurs vins que pour la qualité de l’accueil qui m’a été réservé. Alors que les visites se font sur rendez-vous, j’ai chaque fois poussé la porte « au flan », et j’ai été chaque fois aimablement reçu pour une visite inopinée, immédiate au Château Carbonnieux et différée au lendemain pour le Château de Fieuzal, où le Directeur commercial m‘a fait les honneurs des lieux qui ont déjà entamés leur mutation.

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En quitant le Château de Fieuzal, j’ai demandé s’il y avait dans les environs un petit resto sympa. La personne qui m’a reçu à l’accueil, m’a alors indiqué, à 5 minutes de là, le restaurant « Les Ailes » à proximité de l’aérodrome en me promettant un bon rapport qualité/prix. Je suis dirigé dans la direction indiqué et, effectivement, 5 mn après, j’arrivais le long de l’aérodrome et au bout, à côté de la baraque de l’aéroclub de Bordeaux, le resto convoité. Arrivé trop tôt, j’en ai profité pour voir les hangars ouverts et surprise, il n’y avait que celui d’à côté. Cet aéroclub est important, il possède 9 avions dont l’un d’eux était justement en maintenance. Un mécano et un apprenti s’affairent autour d’un Cessna 182 qui a perdu son capot moteur.
Là, belle surprise, le mécano très sympa me parle de son avion : il est équipé d’un moteur diesel ! A mon époque, on en parlait même pas. De plus, c’est une véritable rareté : il n’y en a que 5 en France ! Bien sûr, il ne fonctionne pas à la 100 LL mais avec du carburant jet.
Belle rencontre pour un ancien pilote ! J’y suis retourné le lendemain et j’ai à nouveau déjeuné au resto « Les Ailes », où l’on m’a servi le plus gros poulet rôti que j’ai jamais vu pour le prix d’une salade à Paris !


