Bonjour Nokin,
je comprends très bien ce que tu exprimes. Je vais essayer de te répondre clairement bien que par écrit...c'est moins évident.
Pour cet endroit particulier, il existe un passé assez lourd (centre de rétention pendant la guerre, internement de résistants et de communistes, exécutions, envoi vers les camps de la mort etc...). J'ai lu pas mal de choses avant d'y aller et, par le traitement (de la première série) j'ai voulu accentuer ce malaise que personnellement j'ai ressenti ou anticipé. Les conditions météo jouent aussi sur l'ambiance. J'y suis allé chaque fois par mauvais temps. Je pense que sous un beau soleil de printemps, mes images n'auraient pas reflété la même chose.
Tu compares les originaux avec le traitement. Pour ma part, les originaux (surtout pour un sujet comme celui-là) sont une matière de base sur laquelle je peux travailler longtemps et de façon différente. Un peu comme de la terre glaise que tu refaçonnes selon ton envie. La première série est plutôt angoissante, et celle-ci plus colorée. C'est voulu. Je suis aussi partisan de plier et d'utiliser la technique au maximum pour que l'image évoque exactement ce que tu as en tête ou ce que tu ressens. Mon intention est vraiment d'illustrer et ce en utilisant tout ce que le numérique met entre mes mains. Le traitement ne demande pas une grande maîtrise...le plus difficile est d'avoir l'image de base qui va t'offrir un potentiel pour la travailler.
Mais, ne pense pas que les images non traitées ne m'intéressent pas. Ce sont surtout celles-là que je conserve précieusement. Car demain, j'en sortirai peut-être autre chose.
Pour ma part, j'ai du mal à sentir la limite entre ce qui est photographique et ce qui ne l'est plus. Je raisonne globalement en "création" quel que soit l'outil ou le mode opératoire.
Certains sujets se prêtent à un traitement, d'autre pas, est-ce plus facile ou pas? Je pense qu'avant tout ce sont des images que lon partage, que l'on donne à voir, que l'avantage du forum et du statut d'amateur permettent toutes sortes de prospectives.
Sur ce sujet du centre Hospitalier, je me réfèrerai plus à Mario Giacomelli dans l'esprit qu'à celui d'Ansel Adams.
À l'opposé, je fais aussi de la photo animalière, et là, je suis totalement prisonnier...l'animal compose souvent à ma place, je ne fais aucun traitement, difficile d'exprimer son émotion à travers celle de l'animal etc...et j'y trouve aussi une certaine excitation.
L'important, est que ça suscite des commentaires intéressants comme le tien, et que l'on puisse partager nos points de vue.
